Pfff…ça commence mal ! Voilà ce que j’en lis: « La valeur prédictive du RAN, Rapid Automatized Naming, (donc nos fameuses épreuves de dénomination rapide) quant aux difficultés d’apprentissage en lecture est une idée consensuelle (Cool !), mais les causes n’en sont pas clairement établies. » (Et, flûte !).
Tentons quand même ! Que se passe-t-il dans la tête de notre bambin lorsqu’on le prie de dénommer rapidement les ciseaux, chapeau, raisin et autre lapin, de notre sacro saint ODEDYS ?
- On l’incite à PERCEVOIR des dessins et pour cela, l’enfant doit être à même d’activer des PROCESSUS VISUO-ATTENTIONNELS.
donc : balayage visuel, contrôle oculaire, attention focalisée.
- ACCÈS SEMANTIQUE : Quand l’enfant voit le dessin du lapin, il doit aller récupérer dans sa mémoire à long terme le « sens » de ce dessin.
- ACCÈS PHONOLOGIQUE: il lui faut récupérer la forme phonologique du mot ( Ah, oui ! Je reconnais ! c’est un lapin, donc je vais dire /LAPIN/… mais, ça, dès que je peux !)
Les étapes 2 et 3 sont donc susceptibles d’être automatisées. Ce qui, en conséquence, fait rentrer le processus d’automatisation dans notre listing.
- Il va ensuite mobiliser des processus moteurs d’articulation (bon alors, je vais faire comment avec ma bouche, ma langue, ma voix etc. pour dire ce mot ?)
- Enfin, il va vous claironner « LAPIN » et c’est gagné !
Alors, à quel moment cela pourrait-il bien clocher chez nos enfants prochainement/possiblement en difficulté de lecture ?
- Pour ce qui est des processus visuo- attentionnels, les recherches ne paraissent pas démontrer bien clairement leurs implications (même si cela ne s’exclue pas pour certains enfants).
- On suppose que l’accès sémantique ne pose pas de problème avec des enfants sans gros handicap cognitif.
- Pour ce qui est des processus d’articulation, ils ne semblent pas en cause non plus (le temps d’articulation n’est que rarement lié à la lecture, exceptés évidemment pour des enfants souffrant de troubles du langage oral bien marqués).
Il nous reste donc : l’automatisation et l’accès phonologique
La lecture et la dénomination rapide ont des processus communs: Il s’agit de mettre en relation de manière rapide et automatique un domaine symbolique (le dessin du lapin ou l’écriture du mot « lapin ») et le domaine phonologique (le mot LAPIN dit ou lu). La lecture et la dénomination rapide partagent donc un mécanisme fondamental : la mise en relation et l’automatisation du couplage entre représentation visuelle et phonologique.
Voilà donc ce que pourrait être le secret de l’histoire : encore et toujours ce déficit phonologique (la cause de tous les maux ?!), bien perceptible en raison du temps d’accès au lexique phonologique. La lenteur de dénomination de l’enfant, doit être pour nous, (entre autre, évidemment) une alerte !
Et… en ce qui concerne l’Imagerie par Résonance Magnétique, on y voit activées les mêmes aires cérébrales lors des tâches de dénomination rapide et des tâches de lecture … ça fait rêver non ?!!!!
Mes sources :
– A. Philippon et A. Romain : Mémoire pour certificat de capacité d’orthophonie, 2013-2014
– Lien entre dénomination rapide et lecture chez les enfants dyslexiques Johannes C. Ziegler Caroline Castel Catherine Pech-Georgel Florence George
– L’Année psychologique Année 2008 108-3 pp. 395-421
– le blog de fany ; http://fany.eklablog.com/dra-et-lecture-a44827305